29 Avril 2010
La montée du fond du Vallon jusqu'au replat est à présent totalement déneigée. Le soleil chauffe les aiguilles de mélèzes, libérant un agréable parfum de résine.
S'aventurant hors d'une fissure, une aspic ne s'y trompe pas, la journée sera estivale.
Premières notes de couleurs dans les éboulis
(Draba aizoides) Drave des rochers
Sitôt le replat atteint, l'hiver reprend le dessus avec une couche de neige imposant les raquettes. En bas à droite, le respectable bock, au pelage clair et aux cornes peu courbées, rencontré régulièrement.
Abandonnant l'étage subalpin, la chaleur de la roche et l'exposition favorable ont raison des derniers névés. Par petits groupes, des Niverolles alpines animent les éboulis.
Avec l'Accenteur alpin, c'est le seul Passereau de nos régions présent uniquement en haute montagne. En été, elle est régulièrement observée au-dessus de 4000 mètres d'altitudes. Malgré un bec de type granivore, son alimentation est très variée (fruits, bourgeons, insectes). Selon certaines estimations, les effectifs helvétiques de la Niverolle alpine représenteraient 32% de la population européenne.
Ci-dessous, le versant nord de Gagnerie. Sur la droite, décollée de Gagnerie, la Vierge. On distingue en plus clair, la couche calcaire corallifère que l'on retrouve dans les Dents du Midi et sur le pli en Z des Dents de Morcles.
Durant la montée, la silhouette du Gypaète se détache d'un versant sud-ouest encore bien enneigé...
... pour se fondre quelques secondes plus tard sur les résineux.
En fin d'après-midi, deux Gypaètes barbus viennent se manifester.
Les deux individus sont éloignés, la résolution "très bof", mais elle permet malgré tout d'identifier en haut et sur la droite un individu à tête nettement foncée, l'individu en bas et légèrement à gauche ayant une tête plus claire; par ailleurs, on voit nettement que les rémiges de ce dernier forment encore un rebord très irrégulier, en "dents de scie", ce qui indique que cet individu n'est pas encore adulte. Tous deux immatures, celui du haut est un immature de deuxième année, celui du bas de troisième année (probablement celui vu de très près le 11 décembre 2009).
Ce sont finalement 3, puis 4 grandes silhouettes qui m'offrent un superbe balais aérien. Deux Aigles royaux se joignent aux Gypaètes.
Yvon Toupin a pu photographier en 2005 dans le Parc de la Vanoise un Gypaète barbu poursuivant un Aigle royal s'étant apparemment trop approché de son aire (photos Y. Toupin).
Même s'il est difficile de préciser la nature de cette interaction entre les 4 rapaces, ces deux espèces vivent une période critique pour leur reproduction. Aussi, la défense de territoire, voire de leur aires respectives, est imaginable.
On voit ici sur la gauche le Gypaète (immature de 3ème année) et sur la droite les deux Aigles royaux (plus bas, deux Chocards à bec jaune).
Ci-dessous, les 4 rapaces. En bas à droite, et au milieu de l'image, en vue ventrale, les deux Gypaètes; sur la gauche, en vue frontale, les deux Aigles royaux.
Les 4 protagonistes finissent par disparaître dans l'obscurité du versant nord.
Un magnifique moment.
Le soleil baisse progressivement. La lumière glisse doucement du blanc éblouissant vers un jaune plus doux. S'éloignant paisiblement, un bock et la Haute Cime se font complices pour m'offrir une dernière jolie vision.